Je rentre de résidence, je viens de passer une semaine au vert, tout seul, à ne penser qu'à la photo.
Ce fût un moment très agréable, parce que c'est agréable de prendre du temps à ne rien faire d'autre que ce que l'on aime, n'avoir rien d'autre à se soucier.
Mais ce fût aussi difficile.

Une résidence c'est un moment de fragilité extrême pour les artistes. Tout le monde attend de nous un tas de choses diverses et variées.
Certains ont une idée bien arrêtée de ce qui devra sortir de cet instant de création, heureusement d'autres ont la générosité de ne rien attendre.
Il y a ceux qui t'accueillent très gentiment mais qui sont persuadés que tu vas faire de jolies photos de fleurs, alors que tu ne prends que des humains et que tu es parti sur du nu un peu chelou.
Comment leur expliquer que tu ne sais pas trop où tu vas mais que ce ne sera certainement pas ce qu'ils attendent ? Peut-être même qu'il ne sortira rien du tout.

Toutes ces attentes des gens impliqués - parce qu'il y a toujours des gens impliqués dans l'affaire, même quand l'on est seul - accentuent (voire créent) le fameux «syndrome de la page blanche».

Serais-je à la hauteur de mes exigences, de ce que les autres attendent de moi ?

Évidement, j'ai envie que ma photo touche les gens, qu'elle crée des sentiments chez eux. Mais je ne vais pas pour autant changer mon style pour leur plaire. C'est à dire que je ne veux pas créer des images qu'ils vont aimer, mais qu'ils aiment les images que je vais créer.
Ceci est d'importance vitale pour moi. Pourtant, ces gens qui nous pèsent sont aussi les gens qui nous permettent de vivre ce moment magique. Ne serait-il pas naturels de répondre à leurs attentes ?
C'est totalement contradictoire, c'est ce qui nous fragilise énormément.

Nous sommes alors à l'affût du moindre signe venant de l'extérieur. Signe qui prend d'immenses proportions. Un sourire, un silence partagé apportent énormément et gonflent à l'éclater le sac à bonheur. Mais la moindre indifférence ou la moindre critique nous enfonce plus bas que terre.
C'est ainsi que l'on prend conscience de ceux qui nous accordent leur confiance et de ceux qui en ont eu assez. C'est normal, je ne leur en veux pas (...enfin...), c'est le flux et le reflux. Et comme toujours, et à tort, ceux qui partent prennent plus de place que ceux qui restent.
C'est injuste.

Heureusement, ceux qui arrivent ou qui confirment leur présence ont parfois assez d'éclats pour occulter ceux qui s'effacent.
Merci à vous, mes soleils et mes étoiles ! Continuez à briller, je suis photovoltaïque.

Photos prises pendant la résidence :




Un extrait de la prochaine série ... si tout se passe bien.
;)


1497 lectures